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Être un déclic pour l’autre et l’accepter…

Être un déclic pour l’autre et l’accepter…

Cette réflexion m’est inspirée par plusieurs échanges aussi bien virtuels que réels. Pour les synthétiser, voici le scénario typique : quelqu’un se désole du degré d’endormissement de la majorité. Surtout, il relève les moqueries dont il est l’objet en voulant sortir son entourage du « sommeil ». Et si cela le décourage, cet état de fait le pousse aussi à redoubler d’ardeur dans son souci de convaincre. Conséquence immédiate, son entourage à son tour redouble de zèle dans sa résistance, en le tournant en dérision.

Ma réponse : En matière spirituelle ou tout ce qui touche à l’Être, souvent vos propos rencontreront une vive résistance/opposition voire agressivité. Loin de s’en offusquer et se croire investi d’une mission (ce qui n’est pas loin du prosélytisme), mieux vaut savoir lâcher prise. Car derrière l’agressivité et les moqueries, c’est souvent une résistance naturelle face à ce que la personne considère comme un danger, celui de voir ses croyances/vérités, voler en éclat.

Mettre à mal ce qui permet à un individu d’expliquer le monde/réalité, s’assimile dès lors pour lui à une « mort ». Et qui se laisserait sciemment mourir?

Aussi fausses puissent-t-elles nous paraître, ces croyances sont le socle de son monde/réalité. Elles sont le cadre par lequel il voit, vit, expérimente le monde. C’est son paradigme, son identité construite.Mettre à mal ce qui permet à un individu d’expliquer le monde/réalité, s’assimile dès lors pour lui à une « mort ». Et qui se laisserait sciemment mourir? Voilà pourquoi la quête spirituelle s’accompagne presque toujours de douleur, d’un événement, d’un choc, un traumatisme qui va obliger à « tuer » l’ancien « Moi » pour ceux qui arrivent jusque-là. Car, à l’inverse, beaucoup font digérer le « choc » pour l’apprivoiser, y trouver une explication cadrant avec leur paradigme et ainsi être rassurés.

Exemple puisé dans mon environnement de naissance (Afrique)

Face à une série d’échecs, il est rassurant d’être convaincu que c’est la sorcellerie d’untel qui nous empêche de réussir. Ne pas le penser, c’est être poussé dans un nouveau paradigme où sa réussite dépend d’abord de soi. Ce niveau de responsabilité peut être un gouffre. Alors on trouvera des raisons qui donnent une explication cohérente au statu-quo, tout en s’en désolant. Mais l’important ici pour la personne, ce qui se joue au niveau inconscient, c’est la cohérence qu’il trouve dans son système de pensées, gage d’intégrité de son système de croyances.

Voilà pourquoi des individus peuvent expérimenter un quotidien des plus mal vécus à leurs yeux, mais s’avérer incapables d’en sortir, même en disposant de portes de sorties. On verra ainsi des hommes et femmes disposant de toutes leurs capacités misérer en ville alors que le village et des terres ne demandant qu’à être exploités attendre. On verra d’autres brader leurs terres, y voyant un moyen immédiat de changer leur présent car l’inverse (réfléchir à ne pas vendre), les amènera trop loin, les poussera à une analyse sans concessions sur leur situation réelle. Perspective effrayante donc on pare au plus facile. On verra des individus plus animés à escroquer quelques miettes qu’à penser à long terme. Penser à long terme, c’est bousculer leur système de référence interne. C’est accepter une insécurité consécutive à ce chamboulement. Et ça, combien souhaitent passer par là ?

Se projeter comme co-créateur de réalité, effrayant mais nécessaire

La responsabilisation va de pair avec la nécessité de se connaître

Elle exige de se voir sans fards, de voir le monde en s’y projetant comme co-createur de la réalité vécue. Pour certains, cette perspective peut apparaître effrayante. Alors, il leur est psychologiquement plus « rassurant » d’accuser par exemple la sorcellerie, de s’en remettre à « Dieu » ou toute autre autorité.

Autant de murs certes, mais sécurisants car construits dans la limite de ce que l’esprit peut supporter. Une telle personne dès lors qu’elle sent même inconsciemment qu’on veut détruire ses murs de sécurité, réagira soit avec indifférence, soit avec virulence.

Accepter qu’on ne puisse changer les gens à leur place

Naturellement l’individu qui se sent menacé, même si cela n’est pas physique, même si cela est inconscient, cherchera à se défendre. Le comprendre, c’est accepter qu’on ne soit pas là pour changer les gens à leur place. Tout juste peut-on servir de courroie de transmission, de déclic pouvant les aider à se découvrir.

Car oui, les actes qu’on pose, les mots qu’on sème, c’est comme ce pollen disséminé au vent. Il finit toujours par s’implanter. Parfois, un mot, une phrase lu et contre laquelle on s’insurge, c’est pourtant intérieurement l’ingestion de quelque chose de grand qui finira par pousser bien des années après. Combien en comprenant une vérité s’arrêtent pour se dire : en fait je comprends mieux ceci parce que j’y ai été mené par telle autre vérité auparavant ?

Conclusion : Le but n’est pas de convaincre à tout prix comme si on était investi de la mission de changer les gens. Le but est de vivre sa vérité, car inévitablement, elle impactera l’autre, quelques que soient les résistances apparentes.©Minsilizanga.com