Construire les imaginaires : L’exemple d’Ibrahim Traoré et Kaka Deby au FESPACO
FESPACO* : L’Afrique fête le cinéma à Ouagadougou et deux jeunes leaders nous donnent une image de cette Afrique voulue par ses peuples : solidaire, fière et plaçant le curseur de l’acceptation de soi très haut
En effet, le Tchad est le pays à l’honneur, et son président, le maréchal Mahamat « Kaka » Idris DEBY, a fait le déplacement. Derrière ce que certains pourraient prendre avec légèreté, c’est pourtant une véritable révolution des esprits et des perceptions qui s’opère ici : dans un des plus grands événements culturels du continent, c’est un appel à s’auto-célébrer. Combien d’événements se disent « africains » mais sur les faits, les organisateurs semblent plus en mission de séduction de l’extérieur que des leurs?
Que tous ceux qui ne valident leurs artistes, leur culture que sous le prisme de : « Il est nominé aux Grammy » « Il est passé à Trace », « Canal+ est dans son film », « Hollywood s’y intéresse », « Il est édité à Paris » « Il est connu à New-York », etc., que tous ceux-là sachent que les choses ont la valeur qu’on leur donne : si pour toi point de consécration sans passer par celle de l’extérieur, alors, tu auras du mal à saisir toute la profondeur de ce qui se passe actuellement avec cette mise à l’honneur du Tchad au Fespaco.
Construire les imaginaires, se réapproprier son propre récit
J’en parlais déjà dans un épisode de mon podcast Spotify « Esprits connectés : Mintsogán 💫 Réflexions », du point de vue de la littérature jeunesse et de son rôle-clé dans la construction des imaginaires. Le ramenant au Fespaco, pour qu’un enfant Tchadien ou Camerounais soit plus fier de recevoir un Étalon du Yennenga qu’un Oscar, pour qu’un jeune Congolais, un jeune Zambien soit plus à même de sortir plus tard une fiction futuriste mettant réellement l’Afrique à l’honneur et non projetant une image de ce qu’il pense que l’Afrique doit être aux yeux de l’extérieur, cela relève d’un processus mental. Cela ne se fait pas via des incantations. Cela passe par le genre d’actions actuellement en cours au Fespaco. Cela passe par une reconstruction des psyché, concomitante à un investissement financier. Ici un fond de 100 milliards de francs Cfa que le Tchad va consacrer à se réapproprier son propre récit, a savoir sa propre histoire, ce qui nourrit l’imaginaire de ses peuples, de ses enfants.
Retrouvez la version audio de cet article sur Spotify :
podcast « Esprits connectés : explorations sociales et spirituelles » Podcast « Míntsogán 💫 Réflexions » de Minsili ZANGA
Et cela marchera car, l’investissement financier a comme soubassement une véritable réflexion idéologique.
Félicitations au leadership burkinabè, qui a compris l’importance de la culture dans la construction d’une identité nationale et panafricaniste !
*FESPACO : Festival panafricain du cinéma dont la 29ème édition a pour thème : « Je suis Afrique » avec cette année, 235 films sélectionnés.
Le FESPACO est une biennale, à savoir qu’il a lieu tous les 2 ans.
©Minsilizanga.com
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