Pillage du patrimoine culturel africain : parlons-en !

Pillage du patrimoine culturel africain : parlons-en !

Bonjour à tous/toutes,

Ce billet fait écho à mon point de vue vidéo sur le film-documentaire « Dahomey » de Mati Diop. Rendez-vous en fin d’article pour voir la vidéo.

La question du patrimoine cultuel et culturel volé à l’Afrique concerne ces milliers d’œuvres pillées par des nations comme la France, Belgique, Allemagne, etc.. Des faits dont la majorité remontent à la période coloniale. Malgré une mobilisation portée par un noyau de passionnés, cette question n’a pas encore été véritablement pris en compte par l’opinion africaine. Deux questions :

  • Qui parmi vous, en admirant ces œuvres exposées dans un musée, se questionne sur leurs origines, leurs trajectoires, et la façon dont elles ont été acquises?
  • Qui, en visitant des musées célèbres comme le quai Branly (Paris), se demande pourquoi d’un côté, on est dans une société occidentale qui fait de l’« l’immigration » surtout africaine une menace qu’il faut contenir, et de l’autre, des musées se bâtissent une réputation sur les objets culturels issus de cette immigration?
  • N’y-at-il pas une dissonance cognitive manifeste, une flagrante incohérence entre le regard porté sur l’immigré, et le fait de valoriser ses musées avec le patrimoine culturel volé aux pays d’origine des cet immigré?

Ecouter la version audio de cet article

Le patrimoine cultuel africain se retrouvant hors d’Afrique est estimé à plus de 90%

Et ce quota ne tient pas compte des collections privées. De même, ce qui est exposé n’est qu’une infime portion de ce qui a été sorti d’Afrique. La majorité de ce patrimoine pillé est enfermée dans les réserves et sous-sols des musées occidentaux et dedans, des restes humains. Oui, vous avez bien lu, des restes humains ! Un autre documentaire, cette fois de NORA PHILIPPE, diffusé sur la chaîne franco-allemande ARTE en 2022, révélait qu’en Allemagne, plus de 6000 corps dorment toujours dans des réserves.

Un sujet qui pose la question du rapport de la société occidentale à l’altérité, notamment africaine

La colonisation, qui succédait directement à l’esclavage, fut motivée entre autres, par la nécessité de civiliser le sauvage. Finalement, qui étaient les « sauvages » ? Ceux qui, avec l’onction de la religion ont décidé de « civiliser » par la violence, ou ceux qui, aujourd’hui encore, exploitent des objets de pillages, et refusent de les rendre ?

Un constat s’impose, celui d’une Afrique forte (souveraine). Ce n’est qu’ainsi qu’elle récupérera, à son initiative, ce qui lui appartient. Je précise « à son initiative ». En effet, la démarche qui consiste à laisser le pilleur mener la question de la restitution, c’est encore une façon de dénier à la victime le choix de décider selon son intérêt. Lorsque c’est celui qui a volé qui pose les conditions de la restitution, on se retrouve dans une configuration où la victime a l’impression de recevoir une faveur. Et au passage, le pilleur rehausse son image. Du soft power dans toute sa splendeur ! Pour imposer le respect, l’Afrique doit être libre, et cela n’est possible que dans un monde multipolaire. Ainsi, cette Afrique reprendra ce qui lui a été pris. Dans le domaine culturel, elle pourra ainsi être celui qui mène le processus de restitution de son patrimoine. Cela est nécessaire, afin que ces manifestations de son rapport à la vie, retrouvent leur juste place, en Afrique.

Et vous qui me lisez, dans tout ça ?
Eh bien, la prochaine fois que vous irez dans un musée, tout en admirant les oeuvres exposées, pensez aussi à ce qui s’est passé : comment ces œuvres sont arrivées là ? Qui étaient leurs propriétaires? Que font-elles en Occident? ©Minsili Zanga