Lionheart de Genevieve Nnaji
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Lionheart : sa disqualification aux Oscars pose-t-elle la question du choix de la langue dans les films africains ?

Courant octobre, le choix du film de Genevieve Nnaji pour représenter le Nigeria aux Oscars 2020, avait suscité un grand enthousiasme. Quelques semaines plus tard, grosse déception après la disqualification du film. Le motif : la catégorie du Long métrage international récompense les films essentiellement en langue étrangère (non anglaise) et la majorité des dialogues de Lionheart sont en anglais.

Côté réactions, on peut comprendre l’exaspération de Genevieve Nnaji mais…

En effet, l’actrice et réalisatrice Genevieve Nnaji n’avait pas caché sa colère et exaspération, écrivant que le Nigeria n’avait pas demandé à être colonisé (et dont à se retrouver à parler anglais). Si on peut comprendre la colère de l’actrice et de tous ceux qui ont critiqué la décision des Oscars, cet épisode interpelle aussi.

Comment le Comité de sélection des Oscars nigérians (NOSC) a pu sélectionner un film ne correspondant pas aux exigences de l’Académie des Oscars ? Lorsqu’on se rappelle de la forte communication faite sur le choix de Lionheart, avec le recul, difficile de ne pas se demander si le comité nigérian n’a pas fait preuve d’un enthousiasme qui lui a fait zapper l’essentiel.

De même, cette disqualification met sur le tapis la question des langues africaines

Peut-on espérer gagner des prix internationaux avec des grandes productions principalement en langues nationales ? Pour certains, le pari est difficile d’où le recours à l’anglais ou français. Mais apparemment pour l’Académie des Oscars, le nom du prix a peut-être changé, mais l’esprit derrière.

Lionheart de Genevieve Nnaji
Lionheart de Genevieve Nnaji, premier film nigérian à être acheté par Netflix
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En effet, la catégorie du « Meilleur long métrange international » s’appelait précédemment « Meilleur film en langue étrangère », ça veut dire ce que ça veut dire.

Pour ma part, je pense qu’au vu de nos sociétés et du monde d’aujourd’hui, on peut d’un côté développer des films en anglais ou autre langue issue de la colonisation, et de l’autre, ne plus cantonner nos propres langues à des extraits de brefs dialogues.

L’argument qui consiste à dire que nos pays sont constitués de tant de peuples qu’il faut bien une langue qui les réunisse (et comme toujours, une langue coloniale), me semble bien léger

Il existe tant d’options de sous-titrage pour sortir notre épingle du jeu. Ça me ramène à cette période où sur YouTube, je passais des heures à voir des films en Yoruba sous-titré en anglais (rires!).

Au passage, j’en profite pour poser une question (je sais, ils ne le liront pas mais je la pose tout de même) : C’est quoi le but lorsque des réalisateurs africains sous-titrent des passages en langue de leurs films avec des mots comme « In native tongue » (en langue maternelle) ? Ces langues maternelles n’ont pas de nom ?

Pour en revenir à la question de départ : la disqualification aux Oscars de Lionheart pose-t-elle la question du choix de la langue dans les films africains ? A mon avis, oui. ©Minsilizanga.com